Réjouissez-vous, musiciens de tous poils, car Hadopi n’est pas mort ! Après avoir coûté 11 millions d’euros à l’Etat sur la seule année 2011, la fameuse autorité veillant aux intérêts de ceux qui veillent sur vos intérêts vient de prouver son efficacité en condamnant son premier délinquant numérique à une amende de 150 €.
Je marque une pause le temps que vous pouffiez… Et je reprends.
Je reprends, j’ai dit ! Arrêtez de pouffer sinon on n’arrivera jamais à la fin de l’édito…
Allez, je reprends, soyez gentils…
Le criminel serait un quadragénaire domicilié à Lepuix-Gy, dans le Territoire de Belfort, et qui était accusé d’avoir téléchargé deux morceaux de Rihanna. De musique, les morceaux. Or, coups de cymbale et de théâtre, notre homme a, lors de son audition, reporté la faute sur sa femme avec laquelle il est en instance de divorce.
Divorçaient-ils précisément parce qu’elle écoutait Rihanna ? Même si ça pourrait se comprendre , l’histoire ne le dit pas. Ce que l’histoire dit en revanche, c’est que le premier homme condamné grâce à Hadopi, a en final été reconnu coupable « d’absence de sécurisation d’un réseau informatique ». Parce que c’est le titulaire de l’abonnement qui est responsable. Et toc !
Je sais ce que vous vous dites : 11 millions pour ça… Mais je vous rassure : pas seulement. Car 11 millions, c’est juste le coût du dispositif pour l’année 2011. Hadopi, les gens qu’elle emploie, les locaux dans lesquels ils travaillent, les logiciels de surveillance sophistiqués qu’ils utilisent et les spots de pub navrants qu’ils diffusent auront coûté beaucoup plus que cela, depuis la naissance de cet invraisemblable projet le 31 décembre 2009…
A l’heure où l’on explique qu’il faut faire des efforts par ci, ou des concessions par là, on comprend qu’Aurélie Filippetti, l’actuelle ministre de la Culture, soit un peu embarrassée par cette anecdote et ce bilan. Ce qu’on comprend moins c’est que David El Sayegh, directeur général du Snep, principal syndicat des producteurs de disques, ne le soit pas, voyant là « la preuve que le système fonctionne et qu’on a une sanction proportionnée ».
Il est en colère David, tout comme Marie-Françoise Marais qui préside aujourd’hui Hadopi. En colère parce qu’ils sont persuadés de la justesse de leur croisade, persuadés de représenter les artistes, la musique, une cause belle, juste, noble… Peut-être faudrait-il leur rappeler qu’ils ne représentent que l’industrie du disque, un détail de l’histoire de la musique, et qu’en l’occurrence, ils n’ont représenté que Rihanna… Et que 11 millions par an tout de même, c’est un peu indécent…
C’est qu’avec 11 millions, on pourrait en faire des choses, comme changer les cordes de tous les bassistes de France, même si la plupart n’aime pas ça… Si je dis ça, c’est que notre 4-cordeux à nous s’est justement penché sur un excellent comparatif de jeux de cordes, à lire juste à cette adresse. Avec 11 millions, on aurait pu faire une bien belle subvention pour les Montpelliérains de Two Notes, histoire que le simulateur de HP et d’ampli de puissance Torpedo Live ait plus vite des petits frères… 11 millions d’euros, on aurait pu les investir dans la préservation d’instruments du patrimoine, même si pour le coup, Eduardo Tarilonte s’en est chargé avec l’instrument virtuel Era Medieval Legends… Bref, on aurait pu en faire des choses avec 11 millions : aider des groupes, des écoles, des festivals. Ou juste les déposer dans les casquettes des mecs qui jouent de la guitare sur le trottoir et dans le métro, et qui dormiront dehors cet hiver avec la satisfaction de savoir qu’un type a payé 150 € pour avoir lésé Rihanna.
Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.
Los Teignos
From Ze AudioTeam
Soyez le premier à commenter