Je ne la connaissais pas avant cette expo au Centre Pompidou mais quelle modernité d’un coup dans la sculpture de son temps, en pleine guerre, où les corps se déforment et se décharnent par blocs, comme arrachés par le temps, et se penchent souvent dans des équilibres précaires, résistant contre une poussée qu’on devine. On y voit aussi cette humanité et ses mythes qui se dissolvent dans l’animalité ; c’est elle seule qui semble donner du mouvement, une volonté, à ce bestiaire marqué par une fascination pour la prédation : des mantes, des chauve-souris, des ogres, des araignées… Je me suis demandé en voyant cela si la sculptrice savait ce qu’il se passait dans les camps au moment où elle sculptait, ou si elle sentait simplement la brutalité animale surgir dans l’homme au prétexte des mythes… Et puis il y a ce Christ aussi, très mis en valeur dans l’expo parce qu’il a fait scandale, mais aussi parce qu’il semble tendu vers l’espace, fils de l’homme en effort d’ascension. C’est moins dans son corps que dans le mouvement de son corps qu’on sent que Germaine a vu juste…
Retour sur Germaine Richier
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