Il fut un temps à ses débuts où la photographie tâchait de marcher sur les traces de la peinture pour revendiquer le statut d’art : on appelait ce premier mouvement le pictorialisme, et ce passage incontournable a des airs de chaînon manquant entre le monde du pinceau et celui de la chambre noire. Le courant n’est toutefois pas tant intéressant pour les clichés référencés et un peu empruntés qu’il a laissés mais parce qu’entre l’éventail de techniques qu’utilisait les photographes alors, et les approximations d’une technologie en plein essor, les images qu’il en reste sont pleines de bruit, de brouillard, de flou et de grain ; les formes y mugissent comme des fantômes dans des crépuscules incertains, on les dirait tracées à la craie sur de la suie. Et il y a là-dedans une force organique que les sujets bien nets qui viendront après ont perdu…
Robert Demachy
Il y a tout chez Robert Demachy : la capacité à saisir la force d’un endroit comme l’émotion d’un visage, le geste qui parcourt un corps. Je pourrais regarder ses photos des heures, secoué entre la douceur et la brutalité de tout cela…
Edward Steichen
Dur de s’affranchir de la peinture avec Steichen qui alterne silouhettes et applats dans des tirages bleu pétrole, et recompose de la sorte un ailleurs mythologique, d’autant plus frappant lorsqu’y surgissent les statues de Rodin.
Peter Henry Emerson
Je retrouve chez l’américain une partie de ce qui peut me toucher chez Andrew Wyeth, même si le photographe n’a pas la force narrative du peintre. Mais ils partagent ce dénuement des paysages représentés jusqu’à l’os, dans leur vraie nudité.
Heinrich Kühn
On est cette fois plus face à un portraitiste qu’un paysagiste, avec des jeux de miroir, d’ombre et de lumière, et des femmes qui ne se livrent que par fragments, de dos le plus souvent dans de lourdes robes, comme s’il fallait les ouvrir pour comprendre ce qu’il y a dedans.
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