Ce qu’il y a de bien avec les morts, c’est qu’ils ne sont pas contrariants avec leurs ayants droit. Non seulement on peut leur faire dire à peu près ce qu’on veut, mais on peut même leur faire vendre. Après les cigarettes ‘Che’ destinées à persuader les ados que le cancer du poumon est une forme de rébellion, voici donc venir les casques The House of Marley, créés par Rohan Marley, l’un des 11 enfants officiellement reconnus du célèbre Bob. Chaque casque porte évidemment le nom d’une chanson célèbre de l’artiste (Redemption Song, Stir it up, Exodus…), cependant que sur le site web, on nous rassure sur l’éthique de la marque :
« The House of Marley est une marque vivante. Notre mouvement est en train de créer des liaisons émotionnelles à travers tous les milieux. Il est question d’égalité, de liberté et de charité. Il est question d’honnêteté, d’intégrité, de la planète et de la nature. Il s’agit de donner de la joie. Il s’agit de restituer et d’agir correctement. »
Mais alors il n’est pas question de vendre des casques finalement ? Eh bien si ! Et même qu’ils sont « conçu[s] de façon sentimentale, et réalisé[s] pour bien fonctionner »…
Nous voilà rassurés ! On est heureux de savoir aussi que la marque utilise des emballages recyclés et du coton biologique, ou qu’elle soutient l’organisation caritative 1Love… créée par la famille Marley… Ouf ! L’espace d’un instant, on aurait pu croire que tout cela n’était qu’une vaste opération destinée à se faire de l’argent sur le dos d’un mort et du folklore rastafari…
Et puis, il faut admettre qu’avec une gamme s’étendant du petit in-ear à 24,99 € au gros casque à 299,90 €, il y en a pour toutes les bourses : égalité, liberté et presque charité, qu’on vous dit ! Et l’innovation par-dessus le marché ! L’innovation marketing de faire du presque-endorsement avec une célébrité de l’au-delà… C’est que, mine de rien, le concept a de l’avenir : imaginez le shampoing Kurt Kobain, les substituts de repas Gandhi, les préservatifs Mère Thérésa, les couteaux Ravaillac, la Citroën Picasso… Encore que… Non, oubliez la Citroën : la voiture n’a tellement rien à voir avec la peinture cubiste que même Jacques Seguela n’oserait pas tenter le rapprochement.
Remarquez, sans tricherie aucune de ma part, je peux aussi vous citer quelques morts célèbres qui ont fait la réclame d’AudioFanzine. D’après le mari de la sœur d’un pote qui l’a très bien connu, Miles Davis aurait vu le site en rêve et, à défaut de pouvoir lire clairement son nom, aurait noté les mots ‘Kind of blue’ à son réveil pour se souvenir de sa vision prophétique. Un biographe non officiel de Jimi Hendrix aurait aussi rapporté des propos étranges du célèbre guitariste, un soir qu’il venait de prendre du LSD : « Blue Reactor, Ampeg Portaflex, Traktor Kontrol F1 et les registres mécaniques de la voix…
– Qu’est-ce que t’as dit Jimi ? C’est les paroles d’une chanson ?
– Non, c’est les articles… Les articles du site bleu… Dans les nuages violets…
– Je comprends rien Jimi, rien de rien…
– C’est pas grave… Juste les mots… Ecoute les mots…
– Quoi les mots ? T’es sûr de ton LSD, là ? Ou on t’as encore refilé de la merde ?
– Nooon… Les moooots : sur ce… bon weeeek…
– Jimi, tu t’endors là ! Réveille-toi
– Ouais, mec, pardon… et à la semaine prochaine… »
Los Teignos
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